Réchauffement climatique : la disparition des nuages bas, nouveau scénario catastrophe

Un article du Parisien, par Aurélie Sipos, le 26/02/2019.

Censés nous protéger de la chaleur, les nuages bas sont menacés par le réchauffement climatique. Leur disparition ferait bondir le thermomètre sur la planète, avertissent des scientifiques de la Nasa.

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Les stratocumulus comme celui-ci recouvrent de 20 à 30 % du ciel dans le monde. Philippe HUGUEN / AFP

Quand on pense au réchauffement climatique, ce n’est pas nécessairement eux qui viennent en tête. Les nuages, pourtant, ont un rôle clé dans la régulation de la température sur Terre. Et dans une étude parue ce lundi dans la revue Geoscience, des scientifiques tirent la sonnette d’alarme : certains d’entre eux, les stratocumulus, qui sont justement censés nous protéger de la chaleur, sont directement menacés par les émissions de carbone. Et leur disparition aurait pour conséquence directe de brutalement accélérer la hausse des températures, avec des conséquences désastreuses pour la planète.

De quels nuages s’agit-il ?

On parle ici des nuages bas. Situés à 2 ou 3 kilomètres d’altitude, ils couvrent seulement 20 % de la planète. On les trouve au-dessus des océans dans les zones tempérées du globe. Ils sont constitués de gouttelettes d’eau, et ont tendance à refroidir l’atmosphère sous-jacente en réfléchissant le rayonnement solaire vers l’espace, ce qu’on décrit par l’effet parasol. « Contrairement aux nuages hauts, ils ont un faible effet de serre. Ils sont situés au-dessus des océans, qui sont très sombres. Ils ont donc un feedback très important », souligne François Marie Bréon, chercheur en climatologie et directeur adjoint du laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE).

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Sont-ils réellement menacés ?

Les chercheurs ont réalisé des simulations durant lesquelles ces nuages, confrontés à un taux de particules fines de 1 200 ppm deviennent instables et se décomposent. Une première. Si l’humanité poursuit ses activités au rythme actuel, « le niveau de 1 200 ppm sera franchi en 2104 », avertit Malte Meinshausen, directeur du Climate and Energy College de l’université de Melbourne, se basant sur une étude à venir. François Marie Bréon trouve lui ce délai un peu court :

« On prend environ 3 ppm par an, donc pour arriver à une telle concentration il faudra plutôt 300 ans, tempère-t-il. Pour y arriver en 100 ans, il faudrait accélérer encore la manière dont on brûle du carbone, or, on peut espérer que les pratiques aient changé d’ici là ».

Quoi qu’il en soit, si les stratocumulus « dissous » peuvent se reformer, il faut pour cela que les concentrations de CO² tombent considérablement en dessous du niveau auquel l’instabilité s’est produite pour la première fois.

Quelles seraient les conséquences de ce phénomène ?

La hausse des températures est la conséquence la plus frappante. Elle serait « d’environ huit degrés Celsius, qui s’ajouterait au réchauffement climatique provoqué par la hausse de la concentration des gaz à effet de serre » due aux activités humaines, avertit l’étude. « Nos résultats montrent qu’il existe des seuils de changement climatique dangereux dont nous n’avions pas conscience jusqu’alors », explique Tapio Schneider, chercheur au Jet Propulsion Laboratory de la Nasa à Pasadena en Californie, et principal auteur de l’étude. Et les conséquences seraient celles déjà à l’œuvre actuellement : l’augmentation des températures entraînerait la fonte de la glace dans les pôles et une montée des océans de dizaines de mètres, bien au-delà des capacités des humains à s’adapter, avertissent les scientifiques.

« Ce qui est important c’est de voir qu’il y a des points de basculement. Cette étude permet de voir que le climat peut avoir des effets non linéaires. On voit que l’on peut passer d’un état stable à l’autre », souligne François-Marie Bréon.

L’article du Parisien est ici.

 

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